Sur le bout des ongles

Après vous avoir brièvement présenté la guitare basse, évoquons aujourd’hui les bassistes. Comme indiqué dans le billet précédent, le bassiste n’est pas un guitariste fainéant. La technique de jeu de la basse est complètement différente de celle de la guitare. Pour illustrer ceci, je vous propose deux vidéos vous montrant le meilleur et le pire…

Le bassiste exemplaire

Louis Johnson. Ce nom ne vous évoquera sûrement absolument rien. Pourtant ce Monsieur joue dans la cour des grands, voire des très grands ! On trouve dans son tableau de chasse Michael Jackson (albums « Off the wall » et « Thriller ») et George Benson (album « Give me the night ». Eh oui ! Le riff de basse de « Billie Jean », c’était lui ! Quant à juger son niveau, la vidéo parle d’elle-même… A noter que cet extrait est tiré d’une vidéo pédagogique ou le maître expliquait (ou tentait d’expliquer) comment il jouait ces trucs de fou.

• Article de Wikipedia avec la liste des artistes avec lequel il a joué

Le bassiste… bassiste ???

Pascal Mulot… Ah Pascal Mulot ! Ce nom ne vous évoquera absolument rien… et c’est normal ! En fait, cet « instrumentiste » est surtout connu pour une ou deux vidéos pédagogiques qu’il a réalisées, que l’on peut estimer de mythiques ! Jugez plutôt : un marcel (qu’on ne voit malheureusement pas dans l’extrait ci-dessous…), des poils sous les bras, les mêmes sur la tête, une allure de junkie en manque… Bref, un grand moment ! Le meilleur exemple du pire en matière de vidéo pédagogique, et pour ce qui est de la qualité musicale, joker…

• Site officiel

Souvent considérée comme « pauvre » ou « de feignasse », la guitare basse est pourtant un instrument assez éloignée de la guitare « normale » et demande un haut niveau de technique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle est en fait plus proche de la contrebasse que de la guitare.

Pour la petite histoire, nombre de livres présentent Léo Fender comme l’inventeur de la basse, ajoutant souvent tout de suite après que cette paternité est assez contestée. En fait, on lui reconnaît surtout le fait d’avoir été le premier qui a réussi à en faire un succès commercial. En 1951, l’inventeur de la future Stratocaster eut l’idée de reprendre globalement les formes de sa Broadcaster (qui deviendra la Telecaster), d’élargir ses proportions et d’y apposer non plus six mais quatre cordes d’un diamètre radicalement plus important, accordées une octave au dessous. Le résultat, la Precision Bass, fut un succès incontestable. Il sortit alors d’autres modèles, notamment la Jazz Bass, et les autres constructeurs se penchèrent sur ce « nouvel » instrument.

D’un point de vue technique, la guitare est beaucoup plus grande qu’une guitare normale. Elle possède seulement quatre cordes, avec les notes Mi-La-Ré-Sol (de la plus grave à la plus aigue), soit l’équivalent des quatre premières cordes d’une guitare « normale » mais une octave au dessous. On trouve aujourd’hui de plus en plus de basses équipées d’une corde grave supplémentaire (un Si), voire plus (il existe des basses à six cordes Si-Mi-La-Ré-Sol-Do).

Parmi les grandes marques et modèles, on peut citer :

• Fender : Precision Bass (1), Jazz Bass (2)
• Musicman (marque que créa Léo Fender quand il quitta Fender) (3)
• Rickenbacker (4)
• Höfner (la basse mythique de Paul McCartney) (5)
• Gibson : Thunderbird (6)
• Warwick (7)
• Line6 (…non je rigole !)

Pour ce qui est du jeu, un très bon guitariste peut s’avérer être un piètre bassiste. Oubliez le jeu en accords (le son serait trop grave, les cases sont trop éloignées), les arpèges (vu la taille des cordes, bonjour les doigts !), etc. Il a fallu donc développer d’autres techniques parmi lesquelles le jeu buté aux doigts (assez proche de la guitare classique) et le slap (où l’on vient frapper les cordes avec le pouce, tirer les cordes avec l’index/majeur, bref je ne donne pas cher de vos doigts au départ…).

A noter en guise de conclusion que la guitare basse fut également l’occasion de recherches et d’innovations, notamment la Fretless, une basse sans frettes créée par Bill Wyman (bassiste des Rolling Stones) et popularisée par Jaco Pastorius (qui « fabrica » lui-même sa fretless en virant les frettes de sa basse…).

Pour en savoir plus :

• Article de Wikipedia en français
• Article de Wikipedia en anglais (pour les courageux !)

Après l’atelier de lutherie, une petite visite de l’usine Takamine au Japon. Vous allez tout de suite voir la différence : ça travaille plus vite, chacun a une tâche précise, beaucoup de machines aident à la fabrication…

Je tiens à préciser qu’il s’agit de l’usine japonaise de Takamine (modèles à partir de 1000 €), et non pas de l’usine chinoise, thaïlandaise, coréenne, etc (modèles série G, à partir de 150 €). On se rend bien compte dans la vidéo que la totalité des opérations de fabrication sont faites à la main, la machine ne faisant que faciliter la tâche des ouvriers. Inutile de vous dire que dans le cas des séries G la machine intervient beaucoup plus, l’homme beaucoup moins, donc les guitares sont beaucoup moins chères mais « beaucoup moins bien »…

Concernant la vidéo, je ne peux vous proposer qu’un lien car malheureusement La Boîte Noire qui propose ses vidéos n’a pas encore compris l’intérêt de Youtube…

Lien direct :

http://www.laboitenoiredumusicien.com/guitare/revue/reportages/TAKAMINE/usine_takamine.swf